Tōkyō, jour 11. Je ne m’arrête pas en si bon chemin après la remontée de moral sakura-esque. Direction un minuscule restaurant excentré pour un repas. Un sacré bon repas : une soupe de nouilles.

Tout ça pour juste une soupe ? Oui. Avec si peu de photos ? Encore oui. Je me fiche de toi ? Tu vas voir.

Nous sommes au Japon. Et au Japon, il y a souvent un petit quelque chose… Voyons, laisse-moi trouver le bon terme. « Incroyable. »

Le début n’est guère palpitant : attendre. Plus précisément, acheter un ticket dont la couleur indique l’heure à laquelle je pourrai manger – ou comment s’adapter à une surface ridiculement limitée. Mes yeux doux de touriste fonctionnent : j’aurai à attendre moins de 30 minutes sous un porche sombre. Et d’entamer la discussion avec mon délicieux voisin, un retraité japonais ayant étudié à Lyon. Il s’étonne que ce minuscule restaurant soit connu jusqu’en France, dans une conversation mêlant allègrement anglais et français.

En entrant dans le restaurant, je retrouve un grand classique nippon : la machine à payer son repas. Pas de menu, pas d’addition, pas de pourboire (surtout pas au Japon, malheureux !) Juste une machine sur laquelle chaque bouton correspond à un plat, légendée en kanjis bien sûr. Rien de bien compliqué ici : la base est toujours la même soupe soba, avec des variations de taille et d’extras. Oui, je parle toujours d’une bête soupe de nouilles de sarrasin.

Format cantine japonaise oblige, je suis entouré à table au bar, avec à mes côtés mon charmant retraité. Le plaisir qu’il prend à déguster son plat ne fait qu’éveiller ma curiosité, moi qui n’aime pas spécialement les soupes japonaises Le bol arrive, je fonds. Le bouillon, assaisonné par un blend de trois sauces, est carrément bon. La consistance des pâtes est parfaite. La tranche de porc, typiquement japonaise (comprendre « grasse »), finit de cuire à table et fond dans la bouche. Puis il y a la touche finale : la truffe. Je n’aime pas la truffe d’habitude. Trop fort. Là, c’est juste ce qu’il faut. Le goût est là, sans écraser les autres arômes, sans écœurer. Mon voisin habitué se fait confirmer qu’elle a été soigneusement choisie en Italie. Entre ce régal et l’interdiction de prendre en photo la cuisine qui, cantine japonaise oblige, occupe la moitié du restaurant, tu comprendras pourquoi j’ai si peu de photos de la meilleure soupe de ma vie. Désolé, Mamie.

Ah, je ne t’ai pas dit. Ce repas était mon premier dans un restaurant étoilé par le guide Michelin. Oui, je suis allé à Tokyo pour ma première étoile Michelin. Est-ce-que ça revient cher ? Je te laisse seul juge ; en enlevant les transports, 950 yens. Soit, dans les 8 €.

Incroyable, je t’ai dit.


Cet article a 5 commentaires

    1. Denis

      Appétissante, aussi.

  1. d.mum

    Justement : pas de commentaire !

  2. Dupouy

    Relu avec un grand plaisir… surtout devant mon bol de bouillon cube !

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