Shinkansen : mieux que le TGV ?

Jours 6 et 9. À la lecture des quelques articles comparant les deux trains à grande vitesse, captivé par tout ce qui roule, j’avais hâte de tester le Shinkansen. Sa réputation est-elle justifiée ? Largué, notre bon vieux TGV ? Mes réponses.

J’insiste sur le « mes » réponses. Il y a forcément du subjectif là-dedans. Match après deux trajets dans le bullet train japonais : Tokyo – Kyoto et Osaka – Tokyo.

Prendre le train au japon est une expérience particulière. Là, tu t’imagines une gare propre à t’en faire porter des lunettes de soleil tellement les murs brillent, alors que tu marches au milieu d’une haie d’honneur composée de centaines d’employés vêtus d’un costume tiré à 4 épingles et qui font une courbette sur ton passage.

Non, ce n’est pas ça que je veux dire. Détaillons ça après les souvenirs de mon premier voyage sponsorisé par mon ami m’ayant ramené quelques inaccoutumées vivres de Taïwan.

Réseau

Comme pour le TGV, le Shinkansen circule sur des voies spécifiques. À l’image de la France, le réseau peine-t-il à se développer ? Non. Pratiquement l’ensemble du territoire est couvert sur sa longueur malgré une topographie et des risques naturels pas des plus évidents à gérer.

Le réseau français ? Je vais tenter d’être factuel et pragmatique. La 4e ville française, ma ville où j’aime aller, Toulouse, est à 5 h 30 de train de la capitale. La faute à un réseau à grande vitesse qui s’arrête à Tours. Tours. À peine plus de 200 bornes de Paris. N’évoquons même pas le cas d’un trajet ne passant pas par Paris, comme un Bordeaux – Lyon. LE RÉSEAU TGV EST UNE GROSSE MERDE PUANTE.

Victoire Shinkansen.

Prix

Certains se plaignent de l’obscure grille tarifaire de la SNCF. Tarifs multiples et changeant sans cesse, abonnements et cartes de réduction en pagaille, rien n’est fait pour que l’usager s’y retrouve facilement. Du côté de la Japan Rail, c’est plus simple : tarif unique. Un trajet aura toujours le même prix. Ainsi, 13 910 yens pour un Tokyo – Kyoto avec réservation en seconde classe, soit environ 120 € pour 514 km. Infiniment plus simple. Et infiniment plus cher lorsqu’on sait s’y prendre un peu à l’avance en France. Un Paris – Lyon en Preum’s c’est 25 €, et jusqu’à 97 € au dernier moment, le tout en seconde et sans carte de réduction.

Victoire TGV.

Gares

Mon cœur penche du côté des gares françaises : architecture allant de l’historique au contemporain où un hall métallique d’Eiffel ferait figure du musée chez les Nippons, pianos récréatifs créant du lien social. La raison vers le Japon, où on pourrait lécher les murs de ces pseudos centres commerciaux ultra modernes et où l’organisation scientifique des quais supprime les cohues. Dans les deux pays les agents sont serviables. Tu sais quoi ? Je ne vais pas trancher.

Égalité.

Esthétique

Oui, le TGV est mignon. Mais comparé aux Shinkansen, c’est quand même fadasse. Franchement, le train japonais a une sacrée gueule.

Victoire Shinkansen.

Propreté

Tu as vu cette armée de personnel de ménage qui nettoie le train en 15 minutes chrono à chaque terminus ? On a l’assurance d’emprunter un train nickel à chaque voyage. Les TGV semblent globalement propres ; quoique, je n’ai jamais tapé sur un siège. Mais on pourrait avoir un réseau plus ragoûtant en France avec plus de volonté. À quel prix ?

Victoire Shinkansen.

Ponctualité

HAHAHAHAHAHA.

En 2015, 1 TGV sur 9 était en retard. Pour la SNCF, un TGV en retard, c’est un train arrivant au moins 5 minutes après son horaire prévu. En 2013, chaque Shinkansen accusait un retard moyen de 54 secondes… Par an ! Le Shinkansen dispose de voies spécifiques. Vraiment spécifiques. Contrairement au TGV qui peut circuler sur l’ensemble du réseau, le Shinkansen nécessite un écartement des rails différent des autres trains. Et ne sera donc jamais bloqué par un train plus lent. Mais quelque chose me dit que ce n’est pas la seule explication.

Victoire Shinkansen.

Services à bord

A bord du Shinkansen : fumoir, tables à langer, et restauration ambulante. Même pas une voiture bar ou restaurant. La Japan Rail commence à déployer le wifi, mais seulement sur des trains récents qui ne m’étaient pas ouverts avec mon pass. Le TGV peut se targuer d’avoir une voiture bar, mais à quel prix ? Le manque à gagner de plusieurs dizaines de passagers se répercute sur le prix du bar et l’équilibre financier de l’ensemble du système. Mauvais investissement ?

Finalement, je ne vois aucun gagnant ici.

Égalité.

Vie à bord

L’espace intérieur dans le Shinkansen est gigantesque. En longueur. Car en seconde classe, ce sont 5 sièges qui tiennent dans la (grande) largeur du train. Malheureusement pas de repose-pieds : inconfortable pour moi. Puis, du haut de mon mètre soixante quinze, je ne me sens pas spécialement à l’étroit dans un TGV, à moins de tomber sur des sièges face à face. Le mobilier plastique et les lumières collectives, directes et froides, font pale figure face aux garnitures plus cosses et éclairages plus reposants et en partie individuels (et éteignables !) du train français. Quant au confort, l’architecture de rame articulée donne au TGV l’avantage sur les secousses et vibrations. Enfin, je préfère admirer la vue par les baies du TGV qu’au travers des hublots du Shinkansen. En résumé ? Shinkansen rationnel contre TGV douillet.

Victoire TGV.

Sécurité

Alors que chaque train fait face à des risques potentiels spécifiques (catastrophes naturelles au Japon et voies non spécifiques non protégées en France), aucun accident mortel de voyageur n’a eu lieu en service commercial, si on fait exception de l’usager qui s’est immolé par le feu dans un Shinkansen. Ceci dit, les deux trains ont déjà déraillé, provoqué des décès de personnel, de suicidaires et de conducteurs de voitures peu prudents.

Égalité, avec une réserve statistique : le Shinkansen étant géographiquement plus développé et plus ancien que le TGV (1964 contre 1981 !), il a transporté bien plus de passagers.

Conclusion

Shinkansen 7 – TGV 5

Qui a dit que le Shinkansen écrasait le TGV ? Ce dernier est un excellent train, plus abordable et à mes yeux plus confortable que son homologue japonais. Finalement, ce n’est pas sur le train que le match a lieu. Ce sont l’organisation et la volonté politique qui sont nulles en France. SNCF et pouvoirs publics : votre fainéantise, immobilisme et manque de volonté desservent un excellent produit. Vous avez tant à apprendre du Japon !