Samedi 5 septembre 2015, après la mort de 3 000 migrants fuyant des zones de conflits, dont l’emblématique Aylan, garçon de 3 ans retrouvé noyé, 10 000 manifestants solidaires et indignés se sont rassemblés place de la République. Une manifestation qui fleure bon l’amour donc. Mais pas que.

Jadis, du temps où j’étais militant, j’étais un habitué des manifestations. Et puis, tu sais ce que c’est, avec l’âge, on s’assagit… Bref, j’avais envie de me ré imprégner de cette ambiance, et ce rassemblement sur un thème qui m’émeut, promettant amour, bisounours, et paillettes, était idéal pour replonger.

Le mouvement

Je ne vais pas te détailler ce qu’il se passe au Proche et Moyen Orient. Il y a foule de gens qui feront ça mieux que moi. Retenons juste que c’est tragique et que ça déclenche des mouvements de soutien. L’idée derrière ce rassemblement parait un peu fourre-tout, finalement à l’image des sentiments qui peuvent nous envahir : montrer solidarité et indignation, demander accueil et respect de la dignité humaine, partager honte et espoirs. De bien jolis termes que j’ai intégralement pompés sur la page Facebook de l’évènement. Et surtout, ce mouvement est sans étiquette. Pas de parti, pas de syndicat, pas de récupération gênante. Chacun peut venir sans craindre d’être embrigadé sous des banderoles dérangeantes. On va tous se faire des bisous, c’est génial !

Et je retrouve ma bonne vieille atmosphère bon enfant de manifestation : des slogans réchauffés scandés par des gens enthousiastes mais rafraîchis, des pancartes acerbes au bout de bras endoloris, des monuments habillés de drapeaux colorés et flottant au vent, sous des nuages qui flottent, sur des parapluies euh… Qui protègent de la flotte. Et tout plein d’amour dans l’air.

La récupération

Dans les manifestations, il y a toujours des à-cotés plus ou moins gênants. Ici, pas de casseurs, pas de charge de CRS. L’amûûûr, je te dis. Mais… Il y a quand même de petits profiteurs. Il y a des drapeaux Amnesty International, c’est raccord ; on y distribue des tracts pour le Droit au Logement, soit ; et quelques pancartes étonnantes. Comme par hasard, à l’autre bout de la place, une petite manifestation pour la libération et le retour au pouvoir de Laurent Gbagbo. Oui, les pros Gbagbo existent, je les ai rencontrés ! Et puis il y a ces drapeaux de syndicats et partis politiques. Au cœur d’un mouvement spontané et populaire, qui se veut non récupéré, alors même que des élus locaux sont là sans écharpe ou sans drapeau parce qu’on vient là avec son cœur et non son formulaire de recrutement ou son urne à bourrer, voilà que des organisations politisées en manque de publicité viennent squatter la place. J’ai beau chercher, je m’interroge encore. Quel rôle ces partis (EELV, Front de Gauche, NPA) et syndicats lycéens et étudiants (UNEF, UNL) vont jouer dans la crise actuelle des migrants ? Qu’est-ce-qu’on ne ferait pas pour un peu de publicité gratuite dans une manifestation sympathique, aux côtés de pancartes anti récupération. Avec tout ça, j’ai embrassé personne ; je suis bien mieux sans relation avec ces organisations.

Bonjour les partis et syndicats, nous n’avez pas honte ?

Cet article a 5 commentaires

  1. d.mum

    Oui, être là sans bannière ni drapeau, sans faire de prosélytisme, c’était là l’essentiel …mais après ?

  2. masterludo

    Pas de récupération quand ce sont des mouvements qui toute l’année, tout le temps prônent ces idéaux pendant que la plupart des autres partis hésitent, comptabilisent en “retombée pour l’économie Française” et se permettraient bien de refuser tout réfugié.

    Si nous autres êtres encore humains ne leur mettions pas la pression il y aurait un paquet de mouvements qui refuseraient sec tout réfugiés et clairement ce sont ceux qui n’osent pas s’afficher ici de peur de froisser leurs adhérents qui n’approuvent pas l’humanisme.

    Les réfugiés restent au milieu d’un plateau d’échec ultra politisé, d’où certains partis qui osent s’afficher et ceux qui n’osent pas, à nous d’en tirer les leçons qu’il faut 🙂

    1. MCALP

      J’y suis allé volontairement un peu fort avec le terme “récupération” 🙂 Mais vu l’appel du rassemblement, j’ai réellement été surpris de voir ces drapeaux.

      Il y a en effet plein de leçons à tirer, mais il est difficile de les transposer en actes à un niveau individuel.

  3. d.mum

    Dans mon enfance, je me souviens que deux familles de rapatriés d’AFN se sont installées dans le village, qui avait autour de 100 habitants… avant l’une d’elles, dans la même maison il y avait eu des Polonais, puis des Espagnols. Chaque année, une famille de gitans, forains dirait-on aujourd’hui, venait passer l’hiver et un dénommé Antoine venait à l’école ; où est-il aujourd’hui ? Au moins a t-on appris à côtoyer la différence… Aujourd’hui on ne comprend plus ce monde ouvert à internet mais fermé à l’autre.

    1. MCALP

      Peut-être est-ce à ce moment que nous commençons à parler de ghettoïsation des populations ?

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.