Zama, jour 4. Imagine qu’un grand constructeur conserve une quantité astronomique de ses modèles historiques dans un grand entrepôt inaccessible au public. Inaccessible ? Voyons. Impossible n’est pas MCALP.

Si tu es fidèle lecteur, tu sais que j’aime bien les voitures. Ceux qui me connaissent personnellement savent que je trempe dans la marmite Nissan depuis mon jeune âge. À vrai dire, si on m’avait conté un pareil endroit que le DNA Garage dans ma jeunesse, je n’y aurais pas cru. Puis quand j’ai découvert les photos du lieu au détour des internets il y a quelques années, j’ai pensé que jamais je n’aurai l’occasion de le visiter. Imagine le nombre de danses de la joie que j’ai faites lors de l’organisation de ce pèlerinage !

Chaque constructeur possède une petite collection de prototypes et de modèles majeurs conservés au fin fond d’entrepôts. Parfois délaissés ou vendus aux enchères, souvent enfermés à double tour. Au Nissan DNA Garage, on fait les choses bien. En face de moi, 260 voitures, plus celles en goguette sur d’autres sites. Le chiffre est en constante augmentation. Celles qui ne sont pas en état concours sont en cours de restauration, ou ce sont certaines voitures de course laissées telles quelles depuis que le drapeau à damiers s’est abattu sur elles. La plupart sont en parfait état de fonctionnement ; remarquez les clés sur les tableaux de bord. Notre affable guide du jour, Eiichi, est incollable sur les produits. Et pour cause, il a travaillé des dizaines d’années au marketing de la marque. Ce n’est plus une sacrée opportunité, c’est un bout de paradis.

Avant de balancer les 180 photos du Nissan DNA Heritage Museum, on va causer un peu d’histoire. Nissan est fondé dans les années 1930, époque où le Japon est loin d’être la puissance économique qu’il deviendra plus tard, et où le pays est encore marqué la fermeture dont il a fait preuve jusqu’au siècle passé. Première conséquence, les voitures du constructeur sont petites et économiques, comme en témoigne la toute première, la Datsun Phaeton 12 de 1933. Ce qui n’empêche pas d’expérimenter l’innovation, comme avec la Tama E4S-47, voiture… Électrique. Bref, tout plein de choupitude sur roues dans cette partie du DNA Garage.

Avec les années 1950 arrivent les envies d’expansion à l’international. Problème, une image de marque digne d’un constructeur chinois aujourd’hui. Du coup, 1958 marque le début de l’engagement dans les épreuves sportives étrangères avec la Datsun 210 qui finit victorieuse de sa catégorie au rallye d’Australie.

Comme pour l’ensemble du pays, Nissan prend un essor significatif dans les années 1960. Les voitures sont de plus en plus grosses et cossues, puissantes et innovantes. Le constructeur de la fameuse Skyline, Prince, est absorbé. À la fin de cette décennie le constructeur devient, comme son grand concurrent Toyota, un hyper généraliste capable de répondre à tout besoin automobile dans le monde. Ou toute envie, comme avec les Fairlady, Silvia, ou en particulier la Skyline HT2000 GT-R de 1970, première de la longue lignée sportive des Skyline GT-R.

En parallèle, la diversification se poursuit aussi en compétition. Il y a les prototypes de course, certains motorisés par des V12 maison. Et puis il y a toujours le rallye, notamment avec les Fairlady Z / 240Z. Comment définitivement prouver au monde que les voitures japonaises ne sont pas de la camelote ? En remportant le rallye le plus dur et exigeant au monde, le East African Safari Rally. Sept fois entre 1970 et 1982, record que seul Toyota égalera plus tard * mic drop *

Les années 1980 sont marquées par un faste financier qui se retrouve dans les produits et concept cars. Parlant de concepts, en 1985 Nissan présente la MID4, voiture de sport à moteur central, équipée d’un V6 et 4 roues motrices et directrices. En 1987, la MID4 II y ajoute une carrosserie plus moderne, et 2 turbos pour atteindre la bagatelle de 330 chevaux. Bien qu’étonnamment aboutie, elle n’est jamais commercialisée. On la retrouve quand même sur la route : le moteur finit sous le capot de la 300ZX, la transmission donne aux Skyline GT-R des années 1990 leur suprématie, et quant au style… Il ne vous rappelle pas la Honda NSX ?

Alors, on fait que de la grosse bagnole chez Nissan ? Bien sûr que non. La lignée des Silvia permet aux pilotes en herbe d’apprendre les joies de la propulsion pour un budget relativement limité, la Silvia / 200SX S13 de 1988 en témoigne (rendez-nous les peintures bi-ton !) À la fin des années 1980, 4 petites voitures délicieusement atypiques sont proposées en édition limitée : les BE-1, PAO, S-Cargo, et Figaro. Cette dernière a tellement de succès qu’une loterie est organisée pour attribuer les 20 000 exemplaires produits !

Les années 1990 sont plus calmes. On se concentre sur les bonnes vieilles Skyline GT-R qui, quand elles ne participent pas à la course à la puissance, sont des épouvantails technologiques. Et puis il y a la R390. La version GT1 participe aux 24 Heures du Mans. Le règlement impose une version de route. Celle-ci est un exemplaire unique, dont le moteur développe 650 chevaux et amène la voiture jusqu’à 354 km/h.

Ceci dit, on s’amuse à nouveau comme il faut chez Nissan. Il y a bien la longueur d’avance sur les voitures électriques, mais comment dire… Non, je parle de trucs plus crétins. Comme ici ou par exemple.

Mes préférées ? Difficile. L’exclusivité et le mythe de la Skyline HT2000 GT-R Hakosuka ainsi que la gueule de la Silvia Super Silhouette ne m’ont pas laissé indifférent. Et toi, c’est laquelle ta préférée ?

L’article conjoint avec le compère Masterludo sur Caradisiac : http://www.caradisiac.com/ballade-au-japon-nissan-nous-ouvre-son-musee-nissan-dna-garage-108148.htm

Pour cette opportunité exceptionnelle, de chaleureux et sincères remerciements à Florence, Momose, et Eiichi.

Cet article a 6 commentaires

  1. d.mum

    Là, on voit que tu t’es à peine régalé !!!

    1. Denis

      Bonjour Alain,
      Je ne pensais pas répondre à ce genre de questions en tant que blogueur photo, mais si je pense qu’une Sunny possède une valeur marchande (j’en ai moi-même vendue une il y a quelques années), je ne suis pas persuadé que cela puisse atteindre le prix de l’annonce.

  2. d.mum

    On ne se lasse pas de regarder ces photos

    1. Denis

      C’est mon cas aussi 🙂

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