L’actualité nous rebat les oreilles pour que nous nous bouchions le nez. Occasion toute trouvée pour essayer cette petite puce écolo qui vadrouille dans les rues de Paris depuis 2011. Dans l’air du temps et accessible, l’Autolib de Bolloré remplit-elle son contrat avec éclat ?

Pour ceux qui vivent dans une grotte depuis 4 ans, Autolib est le service public d’autopartage de voitures électriques de l’agglomération parisienne. Comme les Vélib’. Mais avec plus de roues et moins d’effort. En gros, on paie un abonnement (entre 1 jour et 1 an) et l’usage en libre service (en fonction du temps d’utilisation.) Pas envie de payer 2 fois ? Hum, et combien de fois paies-tu ta voiture, entre l’achat, le carburant, l’entretien, l’assurance, les réparations, le parking ?

Revenons à l’actualité. Un récent classement nous dit que Paris, ça pue. Encore plus fraîchement, où les pics de pollution se sont succédé. À défaut de satisfaire tout le monde sur les politiques à long terme (mais est-ce seulement possible ?), nos pouvoirs publics ont au moins du talent pour les mesures d’urgence : circulation alternée, transports publics gratuits… Et réductions sur Autolib.

Bienvenue sur McalP, un des rares médias où le testeur paie pour essayer une voiture, sauf quand c’est Nissan qui régale. Avantage de la méthode : tester l’inscription, facile, directement à la borne en visioconférence (prévoir 5 à 10 minutes tout de même), et avoir la vraie voiture, celle dont les utilisateurs disposent, et pas un exemplaire rutilant ; ce qui n’est pas anodin.

La Bolloré Bluecar, la voiture du service Autolib, est un petit monospace de 3,65 mètres de long. J’ai beau être plutôt allergique aux voitures haut perchées, c’est une conception judicieuse pour offrir un espace intérieur suffisant pour 4 personnes dans un encombrement extérieur réduit, en ménageant de la place pour les batteries. Ces dernières, d’une puissance de 30 kW, alimentent un moteur électrique plus puissant… Donc bridé par ses batteries. On se retrouve avec une voiture d’environ 40 chevaux pour 1 120 Kg ; c’est peu. Le moteur électrique délivrant son couple dès le démarrage contrairement à un moteur thermique, la vivacité est donc bonne… Jusqu’à 50 km/h. Ensuite, c’est poussif.


Bridée à 107 km/h, la Bluecar est donnée pour faire le 0 à 60 en 6,3 secondes. Mon exemplaire de seulement 45 000 km était déjà fatigué, nécessitant plus de 8 secondes pour l’exercice. (Oui oui, j’étais à fond sur la vidéo.) Aie, ça commence mal.

 

Design 

Esthétiquement, ce mini-monospace n’est pas des plus heureux à mes yeux. Mais il répond au besoin.

Mais pourquoi diable avoir doté ce véhicule urbain- donc exposé aux chocs – et produit en petite série – donc cher – d’éléments aussi peu adaptés ? Pare-chocs : non protégés contre les incidents de créneau. Carrosserie ? Bonjour grisaille. Entièrement spécifique et en aluminium, certes léger, mais plus cher et plus difficilement réparable que l’acier traditionnel. Encore, la protection est aux abonnés absents. Pendant ce temps, les constructeurs équipent leurs véhicules d’ailes en matériaux composites légers et à mémoire de forme pour encaisser le quotidien urbain.

À l’intérieur, le meilleur (sièges en skai faciles à nettoyer, grand écran tactile) côtoie le bizarre : l’ergonomie est déplorable par la faute de commandes implantées bien trop bas, obligeant systématiquement à quitter la route des yeux.

Bon dieu, qu’a donc fait Pininfarina ?

 

Attrait technique 

Une voiture électrique accessible, c’est très bien. Dommage pour la puissance limitée. Pour le reste, rien de remarquable.

 

Accessibilité

Plus de 3 000 voitures réparties dans 900 stations implantées dans 75 communes. À un prix imbattable pour qui a un besoin occasionnel d’un déplaçoir. EX-CE-LLENT.

 

Facteur Miam

Le contrat est-il rempli ? Oui. Pour un coût modique, on peut utiliser une voiture fonctionnelle, aux standards actuels, sur une zone étendue de l’agglomération parisienne et à l’autonomie pas ridicule. Sur une quinzaine de kilomètres où je n’ai pas été tendre, la batterie n’est descendue que d’une grosse dizaine de pourcents.

Avec panache ? Et non.

L’électrique c’est rigolo à conduire, mais là c’est poussif. Ce qui n’empêche pas de pouvoir perdre l’adhérence sur les pavés, même sur sol sec. Faut-il blâmer des suspensions basiques (mais relativement confortables) ? Les Michelin Energy Saver, fabriqués à partir de savon dur et de semelles recyclées, réputés pour leur adhérence précaire ? Quand on considère le public utilisant ces voitures, la voirie parisienne datée, et le climat régulièrement entre le gris et le gris moche, l’absence d’ABS mérite un carton jaune.

EDIT après discussion avec l’ami MasterLudo. Évidemment pas d’ESP non plus, et aucune information sur des résultats d’éventuels crash tests. Ne se foutrait-on pas éperdument de la sécurité des utilisateurs ? Et de ceux qui vont acheter la Bolloré Bluecar en version civile ?

Enfin arrive ce qui m’a le plus choqué : la propreté. Ma voiture, et ce ne doit pas être une exception, était franchement crade. Bien sûr, les utilisateurs sont à blâmer, et Autolib n’y peut pas grand chose. Mais vus la couche de poussière sur le tableau de bord, l’état de la carrosserie, ou encore les essuies glace qui ne balayaient plus grand chose, on peut affirmer que le suivi et le nettoyage des voitures est sous-dimensionné.

Le système est génial. Autolib et Bolloré, s’il vous plait, pondez-nous une voiture plus funky (et sûre), ce sera parfait !

Site Autolib : https://www.autolib.eu
Page Wikipedia Autolib : http://fr.wikipedia.org/wiki/Autolib’_(Paris)
Page Wikipedia Bolloré Bluecar : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bollor%C3%A9_Bluecar

Cet article a 7 commentaires

  1. MasterLudo

    “Pare-chocs : non protégés contre les incidents de créneau. ” ben justement ils sont en plastique brut, donc c’est parfait pour les chocs, pas la peine de rajouter des petits bouts de caoutchouc.

    “Carrosserie ? Bonjour grisaille. Entièrement spécifique et en aluminium” tiens moi qui croyait qu’elle était en inox cette carrosserie.

    Du coup c’est plutôt pas bête un métal nu pour éviter d’avoir de la peinture à refaire tout le temps, on le voit elles ont pas mal de “pocs” mais ça passe mieux que les camionettes rayées et rouillées de partout finalement.

    Et la propreté est atroce, je sais pas comment on peut rouler en autolib sans gants tellement elles sont crades. Et encore tu avais une v2 avec les sièges en skaï, les v1 toujours en circulation ont des sièges du même genre de velours que les RER #vomi.

    L’absence d’ABS pour une auto qui peut rouler à 70 avec 4 personnes sur le périph sous la pluie c’est criminel ET une grosse arnaque légale car on ne peut plus vendre d’auto sans ABS depuis longtemps, sauf quand on s’appelle Paris et qu’on déroge aux règles pour son parc d’autolib donc…

    1. MCALP

      Le plastique brut c’est bien, c’est vrai. Mais tu vois des traces sur presque toutes les Autolib. Je pensais aux protections style Peugeot 206, avec un bourrelet qui dépasse et prend tout, et qui est aisément remplaçable.

      Avantage carrosserie non peinte en effet. Mais je continue de croire que des baguettes de protection n’auraient pas été de trop

  2. MasterLudo

    ABS obligatoire depuis 2003 sur les voitures, autolib qui date de 2011, cqfd.

  3. MasterLudo

    Et ESP depuis 2011 je ne savais même pas !
    Carton rouge sur la sécurité donc autolib.

    Et bien sûr elle n’est pas passé chez euroNCAP, même pour la version grand public, donc on ne connait pas son efficacité en cas d’accident. Et c’est certainement pas un hasard.

    1. MCALP

      En effet, pas d’ESP non plus, aucune info sur un éventuel crash test… C’est peu rassurant. Je vais mettre l’article à jour.

  4. d.mum

    Oups ! Affaire de pros …

  5. Darklime

    Au sujet de la propreté, c’est à la charge de chaque utilisateur et donc peu respecté ( tout comme l’interdiction de fumer ) malgré la possibilité d’une amende :

    ” Vous êtes responsable de la propreté intérieure de votre véhicule, veillez à ne rien laisser à bord. Un constat répété de défaut pourra entraîner l’application de pénalités : si vous rendez la Bluecar dans un état anormal, il vous sera facturé un forfait nettoyage de 30 euros. ” – foire aux question du site autolib’

    En tout cas encore un article intéressant ! Je me reconnait bien dans “ceux qui vivent dans une grotte depuis 4 ans” … Heureusement que MCALP est là  XD

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